Mobilisation des Agriculteurs Franco-Espagnols : Impact sur les Élections Européennes

Le 3 juin, une mobilisation sans précédent a eu lieu le long des Pyrénées, où des agriculteurs français et espagnols ont bloqué les points de passage transfrontaliers pour faire pression sur les élections européennes imminentes et réclamer une énergie moins chère. Sur les coups de 10 heures, des dizaines de tracteurs espagnols ont rejoint leurs homologues français, bloquant complètement l'A9 Montpellier-Barcelone à la frontière des Pyrénées-Orientales, non loin du village du Perthus.

Sébastien Barboteu, éleveur bovin dans la vallée frontalière du Vallespir, a déclaré à l'AFP : "Aujourd'hui, c'est un blocage historique qui ne s'est jamais fait en Europe. Avant, on s'affrontait, maintenant on s'allie, on a les mêmes problématiques."

Cette initiative, qui n'a pas été orchestrée par les syndicats agricoles traditionnels, prône le respect des clauses miroirs. Ces clauses imposeraient aux agriculteurs de pays tiers les mêmes normes environnementales que celles en vigueur en Europe. Xabi Dallemane, un des organisateurs basques, souligne : "Il n’est pas normal qu’on nous impose, à nous, des normes qui ne sont pas respectées sur les produits qu’on importe."

Les points de passage bloqués incluent sept autres lieux le long des Pyrénées, de la Catalogne au Pays basque. L'autoroute A63 reliant Bordeaux à Bilbao est également touchée. Des perturbations majeures sont donc attendues et pourraient se prolonger au-delà des vingt-quatre heures initialement prévues. [Lire aussi : Escalade du Conflit au Proche-Orient]

Les manifestants ont déployé des équipements de camping, y compris des poêles à paella, et ont installé des toilettes portatives pour prolonger leur présence sur les lieux. [En savoir plus : L'Avenir Énergétique Durable grâce aux Panneaux Solaires]

Josep Ballucera, agriculteur espagnol, renchérit : "Personne n’achèterait jamais un jouet ou une voiture non conforme à la réglementation européenne, mais des aliments sont importés et vendus, alors qu’ils ne la respectent pas." Jérôme Bayle, éleveur de Haute-Garonne, ajoute : "On a compris que maintenant le cheval de bataille n’était plus national, il était européen."

De l'autre côté de la frontière, cette mobilisation est dirigée par diverses plateformes locales organisées sur des boucles Telegram. Le collectif catalan Revolta Pagesa se bat pour la défense de la terre et la souveraineté alimentaire.

Jean Henric, viticulteur, résume la situation : "C’est pour mettre un coup de pression avant les européennes. Si rien ne bouge, on se remobilisera à l’automne prochain."