Camille Pissarro : La Singularité d'un Impressionniste au Fils des Coups du Sort
Il fait partie des vedettes impressionnistes, mais sans bénéficier d'un statut de star. Camille Pissarro (1830-1903) est souvent revisité dans des rétrospectives bien suivies, comme celle du Kunstmuseum de Bâle en 2021-2022 qui avait rencontré un succès notable. Cependant, les publications sur ce patriarche à la barbe blanche sont rares. Anka Muhlstein comble ce vide avec une nouvelle biographie captivante.
S'adonnant à divers sujets historiques, Muhlstein nous propose un récit éclairant sur la singularité de Pissarro au sein du groupe impressionniste, souvent divisé entre enfants de riches bourgeois et prolétaires égarés comme Auguste Renoir. Curieusement, Pissarro n'est pas né en France, mais à Saint-Thomas, aux Îles Vierges, une colonie danoise à l'époque. Cela en fait sans doute un Danois de naissance, mais il devient francophone et hispanophone après un séjour au Venezuela, avant de s'installer en France.
Élevé dans une famille juive non pratiquante à Passy, Camille Pissarro connaît une vie pleine de difficultés financières après la mort de son père. Éloigné de ses collègues impressionnistes qu’il côtoyait lors des expositions du mouvement de 1874 à 1886, il se tourne également vers le pointillisme dans les années 1880. Marié à Julie Vellay, il est père de huit enfants, et sa vie à la campagne, notamment à Pontoise, Louveciennes et à Eragny-sur-Epte, reflète une existence proche de la nature et quelque peu austère.
Pendant que ses œuvres dépeignent des scènes de travail agricole plutôt que des citadins en plaisir, Pissarro collabore avec des marchands comme Paul Durand-Ruel et Ambroise Vollard. Ses efforts pour vendre ses tableaux portent lentement leurs fruits, et malgré la comparaison défavorable avec les œuvres de Degas ou Manet, il gagne en reconnaissance avant sa mort en 1903 à Paris, où il travaillait sur une série de vues urbaines.
Pour les amateurs d'art et les curieux, cette biographie se présente comme une lecture instructive et agréable. À travers ses pages, Muhlstein nous offre une perception claire de l'homme derrière l'artiste, un individu évoluant dans un XIXe siècle complexe et clivé. Bien que moins axée sur les aspects esthétiques, cette œuvre redonne une épaisseur humaine à l’un des piliers de l’impressionnisme. [Lire aussi : Amélie Poinssot : "Qui va nous nourrir ?"]
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